En repli à l'ouverture, le CAC40 gagne désormais près de 0,5% au lendemain du second tour des élections législatives anticipées. Contrairement à ce qui était pressenti, le Rassemblement National n'est pas le parti majoritaire à l'Assemblée Nationale puisque c'est la coalition des quatre partis de gauche qui est arrivée en tête avec 182 députés, devant celle de la majorité sortante macroniste avec 163 députés. Le RN, avec son allié ex LR, a désormais 143 députés à l'AN. Si aucun des deux extrêmes ne se retrouve avec une majorité, le scénario d'une Assemblée nationale ingouvernable se confirme...
Malgré le sursaut matinal de l'indice parisien, le CAC est toujours en baisse de plus de 3% par rapport à son niveau de début juin. Sur le marché obligataire, le scénario redouté ne s'étant pas produit, la prime de risque se détend légèrement avec un spead qui recule de 0,6 pb à 64,5 points, contre un écart de près de 85 pb dans les jours suivant l'annonce de la dissolution. Mais l'accalmie ne pourrait être que passagère...
Oddo BHF explique que l'importance du nombre de sièges remportés par le NFP place résolument ce parlement "bloqué" sous l'influence de la gauche. Les discours de dimanche soir de Jean-Luc Mélenchon et de François Hollande poussent tous deux à l'augmentation de la prime de risque actions française. Le premier réclame le poste de Premier Ministre pour le NFP et l'application intégrale de son programme (215 MdsE de dépenses supplémentaires !). Si le second, François Hollande, exclut - pour le moment - toute alliance avec Emmanuel Macron, il a annoncé pêle-mêle souhaiter " le rétablissement de l'lmpôt sur la Fortune, les revenus du capital taxés comme les revenus du travail, un impôt sur les profits des grandes entreprises, l'indexation des salaires sur les prix, une augmentation du SMIC, une remise en cause de la réforme des retraites".
Au total, la dissolution a introduit un risque politique que le résultat des élections oblige à considérer comme durable jusqu'aux prochaines élections (qu'elles interviennent aux dates normales ou anticipées). La prime de risque française n'a pas de raison de rebaisser au niveau d'il y a un mois quand ce risque n'existait pas. Elle aurait plutôt des raisons d'augmenter si le processus budgétaire prend du retard ou si l'orientation choisie éloigne la France d'une trajectoire crédible d'assainissement des comptes publics, souligne l'analyste.
Benjamin Melman, directeur mondial des investissements chez Edmond de Rothschild Asset Management, indique à 'Bloomberg' qu'il ne voit pas comment la France peut procéder aux coupes budgétaires nécessaires pour maîtriser son déficit. "Les pires scénarios ont été évités mais il est difficile d'imaginer comment un budget avec une certaine austérité pourrait être voté en septembre étant donné la nouvelle réalité politique... Nous ne voyons donc pas comment éviter une dégradation de la note de la dette française. La dette française reste sur une pente glissante et il est probable que le risque politique fera son retour avec de nouvelles élections dans un an".
"Les marchés n'apprécieront pas qu'un gouvernement d'extrême gauche ait son mot à dire, ajoute Chris Weston, responsable de la recherche chez Pepperstone Group. Cependant, l'absence d'une majorité absolue pour la gauche signifie que "l'adoption intégrale du manifeste du NFP sera difficile à mettre en place, et même si l'incertitude est à nouveau élevée, cela devrait en limiter les conséquences".