POUR (raisons ci-dessous, (copier coller d'une analyse rédigée précédemment, c'est à dire avant les infos récentes type Airbus)
J’ai un apriori favorable à la scission. Par analogie, c’est un peu similaire à IBM + Kyndryl.
Une entité qui dégage de la valeur est étouffée dans un groupe d’une taille si importante que cela devient un Mammouth, lent à réagir, avec une transmission d’information parasitée par des strates intermédiaires qui génèrent de la frustration et nuit à la productivité.
Les acquisitions hasardeuses sous l’ère Breton ont affaibli le groupe, qui, par ailleurs, n’a pas eu le temps de digérer toutes ces acquisitions. Cette croissance externe à tout va s’est faite au détriment de la maitrise organisationnelle (source de croissance organique).
Je ne m’attarde pas sur le passé (on ne va pas refaire l’histoire), et je préfère établir un état des lieux.
Un secteur « peu porteur » (infogérance) qui peut être certes profitable, mais qui nécessite une réorganisation afin d’être réactif (pour cela l’alliance avec AWS est pertinente, mais prend du temps. Et Bihmane semble être à son affaire).
Un secteur porteur, mais étouffé, en raison de la taille du Mammouth (on ne le voit plus), qui pâtit d’un « énorme boulet aux pieds ».
C’est là le point le plus important, une situation financière très dégradée, qui peut faire basculer le groupe tout entier dans une spirale où les banques ne suivent plus et donc, avec comme seules alternatives, AK super massive et dilutive ou, dépôt de bilan.
Une petite analogie. Que s’est-il passé durant la crise des sub-primes? On a logé les titres toxiques dans une structure isolée, afin de rétablir les mécanismes financiers classiques, « dépollués » d’un énorme boulet, rétablir la confiance, et recréer une fluidité bancaire, avec restauration de la confiance. C’est un peu la même chose pour ATOS. Ce fut la même chose pour IBM.
(Une OPA sur le groupe n’est, à mon avis pas viable. Les problèmes resteraient les mêmes pour un repreneur et cela prendrait trop de temps avec une inconnue de taille : le coût pour restructurer et remettre le paquebot à flot).
Alors oui, bien sûr, l’entreprise peut se scinder en deux entités internes et distinctes. Mais le point 3 est bien là, c’est à dire une situation financière trop dégradée. En d’autres termes, ils ont agi trop tard, le mal était fait. ATOS n’a pas la capacité financière pour cela. Petite ou grande entreprise, la règle est la même : « Cash is King ».
Hors, cette paralysie signifie pour une boite un immobilisme, de la frustration, de la perte de confiance, bref, une spirale négative qui s’auto-alimente.
Ils ont bien tenté de récupérer du cash, mais c’est toujours la même chose. On brade parce qu’on est pressé et on a besoin de cash (c’est un peu par analogie ce qui se passe quand on achète une maison à crédit et que tout d’un coup, on perd son job, son couple bat de l’aile (analogie aux salariés et au management de la boite), on ne peut plus payer le crédit, et on met en vente). Sauf que quand le marché n’est pas au mieux, on est obligé de brader.
Atos a tenté l’opération, mais cela s’est avéré peu efficace.
La scission permet en revanche d’attirer un investisseur sur un périmètre qui a du sens pour lui (une partie qui offre des synergies) plutôt que sur un groupe tout entier pour lequel les problèmes fondamentaux restent identiques comme évoqués ci-avant, avec un coût de restructuration et réorganisation difficilement quantifiable.
L’équation revient donc à établir quelque chose d’attractif, avec une valeur maitrisable (une partie du groupe plutôt que le groupe tout entier) et offrant donc un ratio risque/bénéfice (ROI) acceptable.
C’est pourquoi, j’ai un apriori positif sur cette scission, car c’est un moyen (ou moindre mal) pour récupérer du cash et ainsi sauver l’entité dans son ensemble, tout en restaurant (en partie tout au moins) de la valeur pour les parties prenantes (actionnaires compris).
On voit la chose sous le prisme d’un actionnaire boursier, mais les enjeux d’un groupe candidat à une OPA voit cela sous un prisme plus large avec une mesure des coûts (pas ceux d’acquisition, ils sont faciles à établir) futurs difficiles à anticiper et maîtriser (dérapages dans le temps), avant même d’envisager les profits futures. Si vous me permettez cette comparaison légère qui sera une conclusion, c’est un peu comme un morceau de viande, plus il est gros, plus sa digestion est difficile. Alors, un morceau un peu plus petit, ce n’est peut-être pas si mal…..