Worldline : une dégringolade historique !
La séance cauchemardesque se confirme pour Worldline dont le titre s'effondre désormais de 60% à 9,35 euros. Tout simplement la plus forte chute jamais enregistrée par le spécialiste des paiements. Le groupe a revu à la baisse ses perspectives pour cette année et a abandonné son objectif de croissance pour l'année prochaine. L'entreprise a déclaré qu'un ralentissement économique - en particulier sur son marché principal, l'Allemagne - pèse sur sa croissance et sa rentabilité.
Le management table désormais sur une croissance organique annuelle de son chiffre d'affaires de 6% à 7%, contre 8% à 10% auparavant. Il prévoit aussi un repli de 150 points de base de sa marge d'excédent brut d'exploitation pour 2023 contre une prévision précédente d'une augmentation de 100 points de base.
Afin de faire face à cet "environnement temporaire", Worldline a annoncé le lancement d'un plan de réduction de coûts prévoyant de réaliser de l'ordre de 200 millions d'euros d'économies en année pleine en 2025 avec une montée en puissance rapide au cours de 2024. La mise en oeuvre de ce plan aura un coût total estimé jusqu'à environ 250 ME.
Les investisseurs commencent à perdre patience face aux fintechs, qui ont connu un essor considérable pendant la pandémie alors que les gens menaient la majeure partie de leur vie quotidienne en ligne. Depuis lors, les inquiétudes suscitées par les valorisations élevées et un ralentissement plus large des dépenses de consommation ont ramené les actions sur terre. Comme l'indique 'Bloomberg', Adyen, Nexi et Worldline ont ainsi vu leur capitalisation combinée fondre de plus de 33 milliards de dollars cette année...
Une industrie délaissée ?
"Bien que les actions de croissance restent désirables sur le long terme, les investisseurs deviennent très pointilleux au lieu d'accorder aux entreprises le bénéfice du doute comme c'était le cas à l'époque des taux d'intérêt zéro", affirme à l'agence Janet Mui, responsable de l'analyse de marché chez RBC Brewin Dolphin. "Les opérations bancaires à l'ancienne et ennuyeuses sont désormais attrayantes: alors que les taux d'intérêt augmentent et que les marges nettes d'intérêt sont les moteurs de la croissance des bénéfices des banques traditionnelles, la fintech semble soudainement moins désirable".
Une publication inquiétante
Pour JP Morgan, Worldline a manqué ses estimations de ventes dans chaque division, la société dénonçant un ralentissement macroéconomique affectant les dépenses de consommation, notamment en Allemagne. À mi-chemin de la fourchette guidée, les nouvelles perspectives de flux de trésorerie disponibles pour l'année sont inférieures de 38% au consensus actuel. Les prévisions d'OMDA pour 2024 entraîneraient une réduction de 16% par rapport aux estimations de bénéfices pour 2024 et " tueraient essentiellement " les précédentes prévisions à long terme jusqu'en 2024, auxquelles " le marché ne croyait de plus en plus ", souligne la banque.
Pour Jefferies, les économies de coûts initiées atténueront l'impact sur les résultats financiers, mais les inquiétudes globales concernant un ralentissement prolongé entraîneront probablement davantage d'incertitude quant à la reprise. Stifel affirme que les résultats du troisième trimestre ont été bien pire que prévu, car l'entreprise souligne un environnement macroéconomique affaibli et des consommateurs qui déplacent leurs dépenses vers des secteurs verticaux non discrétionnaires, ce qui a un impact sur la croissance et la rentabilité de l'entreprise.
"Nous nous attendons clairement à une réaction négative suite à cette publication, avec un ralentissement significatif de la croissance dans les Services Commerçants et un impact sur la rentabilité qui devrait se poursuivre en 2024. Au-delà des craintes macro, la résiliation des contrats de certains commerçants en ligne pourrait également alimenter le récit autour des pertes de parts de marché de la société au profit d'autres acteurs online. Le consensus sur le BPA pourrait ainsi être abaissé d'environ 15%. Le titre se négocie à 6,3x l'EBITDA à 12 mois, soit un niveau très bon marché, mais reflète également un environnement plus difficile ", affirmait Oddo BHF avant l'ouverture.
Bientôt le retour de la spéculation ?
Conséquence de cette dégringolade, la spéculation pourrait rapidement faire son retour alors que l'intérêt récent des sociétés de capital-investissement pour divers acteurs de l'industrie n'est pas un secret. L'opérateur boursier suisse SIX Group AG, premier actionnaire de Worldline avec près de 11% du capital, a lui déclaré à 'Bloomberg' qu'il n'avait pas l'intention de se retirer de sa position : "stratégiquement, Worldline est un investissement très important pour SIX et le restera à moyen et long terme".
comme pour alstom , si on veut se risquer à tenter des AR ...