Daniel Kretinsky : Eustream, l'ombre au tableau du milliardaire tchèque
Le gazoduc, "route" historique du gaz russe en Europe a fait la fortune de l’homme d’affaires. Plus pour longtemps ?
DANS L'HEBDO DU 28 SEPTEMBRE
L'homme d'affaires Daniel Kretinsky le 22 janvier 2020 à Paris.
AFP
Par Emilie Lanez et Béatrice Mathieu
Publié le 29/09/2023 à 05:34
Article publié dans l’édition du 28 septembre
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Jusqu’à présent, tout s’est tellement bien déroulé pour le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, champion des énergies fossiles. Arrivé sur la pointe des pieds il y a cinq ans dans l’Hexagone en rachetant pour une bouchée de pain des centrales charbon vouées à disparaître, le voilà aujourd’hui chouchou des milieux d’affaires parisiens, courtisé par tous les banquiers de la place, approché des meilleurs avocats et communicants. Nouveau prince du capitalisme français, métamorphosé en chevalier blanc, pressé - supplié ? - par les pouvoirs publics et tout l’establishment d’aller étudier - sauver ? - des dossiers - trop ? - piégeux. Casino hier, Atos aujourd’hui. Partout en Europe, il collectionne, empile, restructure. Dans la grande distribution, la logistique, les médias.
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Tout irait pour le mieux si quelques échéances ne venaient assombrir le ciel d’une partie de son empire. Pas en France, mais au cœur de l’Europe, en Slovaquie. A la source de ses premiers milliards, un tuyau. Le gazoduc Eustream, "route" historique du gaz russe en Europe - il traverse l’Ukraine, puis la Slovaquie pour rejoindre l’Autriche et l’Italie -, acquis en 2013 au côté de l’Etat slovaque au tandem EON-GDF pressé de s’en débarrasser, redoutant alors que la construction de l'autre gazoduc Nordstream 2 condamne celui-ci.
© / art presse - S. KRUPAR - LAIF/REA
Pendant une décennie, Eustream a été la machine à cash des ambitions du patron d'EPH (Energiticky a prumyslovy holding), mais le flot se tarit depuis l'invasion russe en Ukraine. Les volumes de gaz transporté ont fondu, et menacent de s'amenuiser encore, plaçant Eustream dans une fâcheuse situation. Certes Gazprom a signé un contrat avec Eustream jusqu’en 2028 s’engageant à utiliser jusqu'à cette date ces fameux tuyaux. Mais l’Ukraine pourrait y mettre son grain de sel. Sans gaz traversant l’Ukraine, plus de gaz arrivant en Slovaquie. La géographie est têtue. L’agence de notation Fitch ne s’y est pas trompée en collant à l’entreprise l’étiquette "surveillance négative". Le temps file pour Daniel Kretinsky.