(Libération)
Les mauvaises nouvelles se suivent chez Ubisoft. Le géant français du jeu vidéo annonce, ce jeudi 9 janvier, un nouveau report du prochain épisode d’
Assassin’s Creed, sa licence phare. Initialement prévue le 12 novembre, la mise sur le marché d’
Assassin’s Creed Shadows avait déjà été reportée au 14 février. Cette fois-ci, il faudra attendre le 20 mars pour découvrir le Japon médiéval à la sauce des assassins et des templiers. D’après le PDG Yves Guillemot, il s’agit de
«mieux intégrer les retours des joueurs recueillis au cours des trois derniers mois, et de créer les meilleures conditions possibles pour le lancement du jeu».
«Cela nous permettra de livrer le plein potentiel du jeu et de terminer l’année sur une note solide», a-t-il ajouté.
L’annonce de ce report s’ajoute pour Ubisoft à des
«ventes plus faibles que prévu pendant les fêtes de fin d’année» de
Star Wars Outlaws, son jeu dans l’univers de Star Wars, et à la fin prématurée de son jeu de tir en ligne
XDefiant, qui a conduit à la suppression de 277 postes et la fermeture des trois studios de production, notamment à San Francisco et Osaka. Des turbulences telles que l’entreprise dit désormais réfléchir à
«diverses options stratégiques et capitalistiques» pour la suite.
Rumeurs de rachat
«Nous avons démarré un processus avec des conseillers, c’est une étape de plus», a déclaré Yves Guillemot.
«Ubisoft informera le marché […] si et une fois qu’une transaction se concrétise», a ajouté la société. L’éditeur, qui employait 18 666 salariés dans le monde fin septembre et environ 4 000 en France, fait l’objet de rumeurs de rachat qui se sont multipliées ces derniers mois, notamment par le géant chinois de la tech Tencent et la famille Guillemot. Tencent, avec qui les frères Guillemot ont scellé une union en 2022 pour garder la main sur l’entreprise, détient près de 10 % du capital, tandis que la famille en possède autour de 15 %. Plusieurs options seraient sur la table, notamment un rachat et une sortie de la Bourse.
Plan de réduction des coûts
Le groupe a également indiqué que le «net bookings» (son indicateur de référence, équivalent du chiffre d’affaires) du troisième trimestre de son exercice 2024-2025 (clos le 31 mars) est désormais attendu à environ 300 millions d’euros, contre les 380 millions initialement prévus. Sur l’année, Ubisoft attend désormais un «net bookings» à
«environ 1,9 milliard d’euros». Le groupe, qui a entamé début 2023 un plan de réduction des coûts, prévoit désormais de
«dépasser» les 200 millions d’euros de coupes prévues. Ce plan d’économie au niveau mondial a mené au départ de près de 2 000 salariés, via des non-remplacements et des licenciements.
Ubisoft a connu une année 2024 particulièrement difficile, marquée par des reports, des ventes de jeux en berne et
plusieurs grèves de ses salariés français concernant les conditions de télétravail. Une journée de concertation sociale est d’ailleurs prévue le 22 janvier. Cette mauvaise passe largement sanctionnée sur les marchés financiers : alors que l’action d’Ubisoft s’échangeait à plus de 100 euros il y a dix ans, elle a atteint en septembre son niveau le plus bas, à 9,01 euros.
Mais Ubisoft n’est pas le seul à connaître une période compliquée : l’industrie du jeu vidéo a connu dans son ensemble l’une des pires années de son histoire en 2024, marquée par des vagues de licenciements et des fermetures de studios en cascade. Selon le décompte du site Game Industry Layoffs, près de 15 000 professionnels du secteur ont perdu leur emploi dans le monde l’an dernier, contre 10 500 en 2023.
Cours actu : 11.08 (-10,14)