Alors que certains, dans la sphère politico-militaire, s'alarment de voir le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky prendre une participation dans les activités stratégiques d'Atos, celui-ci se montrerait prêt à la céder « si elle posait le moindre problème ».
Par Leïla Marchand
Publié le 27 sept. 2023 à 18:13Mis à jour le 27 sept. 2023 à 18:24
Serait-ce le dossier de trop pour Daniel Kretinsky ? Alors que le milliardaire tchèque est devenu incontournable dans les médias français et a, coup sur coup, mis la main sur Editis et Casino, sa récente offre de reprise d'une partie d'Atos a mis le feu aux poudres, à la fois du côté de certains actionnaires et dans la sphère politico-militaire.
Selon nos informations, le magnat tente de montrer patte blanche concernant sa participation qu'il pourrait acquérir dans Eviden, la future entité du groupe informatique comprenant les supercalculateurs. Il compte y rester « un actionnaire minoritaire » et « a écrit aux ministres des Finances et à celui des Armées que sa participation était à leur disposition si elle posait le moindre problème », assurent des connaisseurs de son équipe, ne souhaitant pas être cités. Dans le cas où sa participation poserait problème, elle serait cédée « à un autre actionnaire de leur choix », dit-on de mêmes sources.
Pour rappel, dans le plan de scission du groupe informatique Atos, Daniel Kretinsky s'est positionné cet été pour racheter Tech Foundations, sa branche historique d'infogérance, en difficulté structurelle. Le Tchèque, qui a débuté sa carrière dans l'énergie, s'est fait une spécialité d'investir à contre-cycle, en pariant sur une restructuration pour relancer l'activité.
Si l'opération est validée par le vote des actionnaires, normalement avant la fin de l'année, l'homme d'affaires prendra donc le contrôle de cette branche, qui gardera le nom d'Atos, composée de quelque 52.000 employés dans le monde.
Ainsi, si Bertrand Meunier, le président du conseil d'administration d'Atos, a proposé à Daniel Kretinsky d'investir également sur ce segment, c'était dans l'idée de donner un premier élan à Eviden (avec un prix généreusement fixé à 20 euros par action, alors qu'elle se négociait début août à 9 euros par action) dans l'espoir que cela fasse venir d'autres investisseurs, nous avaient déjà confié d'autres sources.
EXCLUSIF - « On fait un cadeau à Kretinsky ! » : Atos s'attire les foudres du fonds activiste CIAM
Puis, selon « La Lettre A », ce serait le ministère français des Armées qui redouterait de voir un acteur étranger s'approcher de ces capacités militaires ultra-sensibles, et préparerait en conséquence une alternative au scénario actuel. Enfin, d'après « Challenges », l'ancien directeur du CEA (Commissariat à l'Energie Atomique), un acteur influent dans le milieu nucléaire, aurait également envoyé une note à l'Elysée, dans laquelle il défend l'idée de souveraineté nationale en ce qui concerne le dossier Atos.
Visiblement, l'entretien donné auparavant par Bertrand Meunier à « La Tribune », dans laquelle il affirmait que Daniel Kretinsky n'aurait accès « à aucune information classifiée en matière de défense », n'a pas suffit à atténuer les craintes du milieu militaire. Pour rappel, l'Etat n'est actuellement pas actionnaire d'Atos, dont le capital est très éclaté et détenu par une multitude d'actionnaires.
Leïla Marchand
Par Leïla Marchand
Publié le 27 sept. 2023 à 18:13Mis à jour le 27 sept. 2023 à 18:24
Serait-ce le dossier de trop pour Daniel Kretinsky ? Alors que le milliardaire tchèque est devenu incontournable dans les médias français et a, coup sur coup, mis la main sur Editis et Casino, sa récente offre de reprise d'une partie d'Atos a mis le feu aux poudres, à la fois du côté de certains actionnaires et dans la sphère politico-militaire.
Selon nos informations, le magnat tente de montrer patte blanche concernant sa participation qu'il pourrait acquérir dans Eviden, la future entité du groupe informatique comprenant les supercalculateurs. Il compte y rester « un actionnaire minoritaire » et « a écrit aux ministres des Finances et à celui des Armées que sa participation était à leur disposition si elle posait le moindre problème », assurent des connaisseurs de son équipe, ne souhaitant pas être cités. Dans le cas où sa participation poserait problème, elle serait cédée « à un autre actionnaire de leur choix », dit-on de mêmes sources.
Pour rappel, dans le plan de scission du groupe informatique Atos, Daniel Kretinsky s'est positionné cet été pour racheter Tech Foundations, sa branche historique d'infogérance, en difficulté structurelle. Le Tchèque, qui a débuté sa carrière dans l'énergie, s'est fait une spécialité d'investir à contre-cycle, en pariant sur une restructuration pour relancer l'activité.
Si l'opération est validée par le vote des actionnaires, normalement avant la fin de l'année, l'homme d'affaires prendra donc le contrôle de cette branche, qui gardera le nom d'Atos, composée de quelque 52.000 employés dans le monde.
Entré dans Eviden « à la demande d'Atos »
Initialement, l'acheteur n'avait donc pas prévu d'investir dans Eviden, cette entité comprenant les activités porteuses (et stratégiques) de cybersécurité, de supercalculateurs et de transformation numérique. « Il est entré à la demande d'Atos ! » assure la même source. Selon les termes du projet dévoilé début août, Daniel Kretinsky va prendre une participation de 7,5 % du capital de cette partie du groupe informatique (qui resterait en Bourse) dans le cadre d'une importante augmentation de capital. Le groupe veut lever au total quelque 900 millions d'euros, soit un montant supérieur à sa capitalisation boursière actuelle tombée aux environs de 700 millions d'euros.Ainsi, si Bertrand Meunier, le président du conseil d'administration d'Atos, a proposé à Daniel Kretinsky d'investir également sur ce segment, c'était dans l'idée de donner un premier élan à Eviden (avec un prix généreusement fixé à 20 euros par action, alors qu'elle se négociait début août à 9 euros par action) dans l'espoir que cela fasse venir d'autres investisseurs, nous avaient déjà confié d'autres sources.
La sphère militaire en émoi
Seulement, cette partie de l'accord a déclenché un feu de critiques. D'abord, une tribune signée par 82 sénateurs et députés Les Républicains s'est émue de voir le milliardaire s'approcher de cette « entreprise clé pour l'autonomie stratégique » française. Les supercalculateurs d'Atos sont en effet utilisés pour les simulations d'essais nucléaires servant à la mise au point des armes atomiques.LIRE AUSSI :
Atos : le conseil d'administration répond aux critiques de certains actionnairesEXCLUSIF - « On fait un cadeau à Kretinsky ! » : Atos s'attire les foudres du fonds activiste CIAM
Puis, selon « La Lettre A », ce serait le ministère français des Armées qui redouterait de voir un acteur étranger s'approcher de ces capacités militaires ultra-sensibles, et préparerait en conséquence une alternative au scénario actuel. Enfin, d'après « Challenges », l'ancien directeur du CEA (Commissariat à l'Energie Atomique), un acteur influent dans le milieu nucléaire, aurait également envoyé une note à l'Elysée, dans laquelle il défend l'idée de souveraineté nationale en ce qui concerne le dossier Atos.
Visiblement, l'entretien donné auparavant par Bertrand Meunier à « La Tribune », dans laquelle il affirmait que Daniel Kretinsky n'aurait accès « à aucune information classifiée en matière de défense », n'a pas suffit à atténuer les craintes du milieu militaire. Pour rappel, l'Etat n'est actuellement pas actionnaire d'Atos, dont le capital est très éclaté et détenu par une multitude d'actionnaires.
Leïla Marchand