Eviden dans son viseur, Onepoint pourrait encore monter au capital d'Atos

Gilou

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Article l'usine nouvelle ce jour

Eviden dans son viseur, Onepoint pourrait encore monter au capital d'Atos​

Après avoir acquis 9,9 % des actions d’Atos, Onepoint n’exclut pas de monter dans le capital du groupe français de services du numérique. Son ambition est de favoriser un rapprochement avec Eviden pour être présent de bout-en-bout dans les services du digital.


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Ridha Loukil
14 novembre 2023 \ 13h00

David Layani, le patron-fondateur du cabinet de conseil dans le numérique Onepoint, est-il en train de réussir son pari d’avaler Eviden ? Cette division d'Atos réunit les activités porteuses du groupe dans le digital, la cybersécurité et le calcul intensif. Sa prise de participation de 9,9 % du capital pourrait n’être qu’un premier pas vers l’atteinte de cet objectif. Avec cette opération, il s’invite en tant que premier actionnaire de référence à la table des discussions sur l’avenir du deuxième groupe français de services du numérique derrière Capgemini. De quoi se donner les moyens d’influencer de l’intérieur les orientations stratégiques d’Atos en sa faveur.

Cette prise de participation a pris au dépourvu Atos. Elle ne constitue pas pour autant une surprise. David Layani ne cachait pas son ambition de prendre le contrôle d’Eviden pour créer un groupe présent de bout en bout dans les services du digital, du conseil jusqu’à la maintenance, en passant par la mise en place et l’exploitation de solutions chez les clients. En septembre 2022, il a tenté de racheter cette division d’Atos. Mais son offre à 4,2 milliards d’euros a été sèchement rejetée par le conseil d’administration présidé alors par Bertrand Meunier.

«Rien n'est exclu, Nous avons fait le premier pas»​

« Notre prise de participation dans le capital d’Atos s’inscrit dans la continuité de notre offre de l’année dernière, explique à L’Usine Nouvelle Jean-Fabrice Copé, le bras droit de David Layani en charge de la stratégie et du développement. Nous agissons en tant qu’investisseur industriel. Atos est à un tournant stratégique de son histoire. Nous voulons nous impliquer activement aux cotés de la nouvelle direction dans son redressement, soutenir ses développements futurs et protéger la valeur des actifs du groupe.»
Le choix d’une participation juste en dessous du seuil psychologique de 10 % n’est pas le fruit du hasard. David Layani tient à se positionner d'emblée au-dessus des 7,5 % des parts d‘Eviden que l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky s'est engagé à acquérir dans son projet de rachat de Tech Foundations, l’autre division d’Atos réunissant les activités déclinantes d’infogérance. Acheter aujourd’hui des actions d’Atos, c’est posséder demain celles d’Eviden une fois la séparation de Tech Foundations rendue effective. Va-t-il monter dans le capital d’Atos ?

« Rien n’est exclu, répond Jean-Fabrice Copé. Nous avons fait un premier pas. Nous avons les moyens d’en faire d’autres. Il s’agit de réfléchir dans l’intérêt de toutes les parties prenantes : salariés, clients et partenaires financiers et ce dans un dialogue constructif avec la gouvernance.» Onepoint vient d’acquérir les moyens de son ambition en levant 500 millions d’euros auprès du fonds américain d’investissement Carlyle. David Layani reste maitre à bord avec 77 % du capital de son entreprise.

Contexte favorable​

Le contexte n’a jamais été aussi favorable à David Layani. En août 2023, Atos a fait un virage stratégique à 180 degrés. Au lieu d’introduire en Bourse Eviden et de se recentrer sur Tech Foundations comme prévu dans son plan stratégique de juin 2022, il a choisi de vendre Tech Foundations à EPFI, le fonds d’investissement de Daniel Kretinsky, et de se focaliser sur Eviden. Un plan qui colle parfaitement aux ambitions de l’homme fort de Onepoint, intéressé uniquement par Eviden. A cela s’ajoute le changement de gouvernance avec le départ de Bertrand Meunier, qui prenait David Layani de haut, de la présidence du conseil d’administration d’Atos. Signe du dégel, le conseil d’administration a accueilli l’annonce de prise participation de Onepoint par un communiqué positif. L’effondrement d’Atos en bourse après la publication en juillet 2023 de mauvais résultats trimestriels a poussé David Layani à passer à l’offensive et s’emparer d’environ 10 % du capital pour une bouchée de pain. Le montant n’est pas dévoilé mais est estimé entre seulement 50 et 60 millions d’euros.
Onepoint n’a pas encore de représentants au conseil d’administration d’Atos, ce qui ne l’empêche pas de prendre son rôle d’actionnaire de référence au sérieux et de tout faire pour influencer le cours des évènements. S’il soutient le projet de vente de Tech Foundations à EPFI, il s’oppose à la prise de 7,5 % du capital d’Eviden par Daniel Kretinsky et demande à ce que l’homme d’affaires tchèque passe à la caisse. Cette prise de participation se ferait par une augmentation de capital qui entrainerait une dilution importante des actionnaires. David Layani n’en veut pas. « C’est une bonne nouvelle d’avoir un investisseur pour Tech Foundations prêt à accompagner la restructuration de cette activité, estime Jean-Fabrice Copé. Nous proposons de libérer Daniel Kretinsky de son engagement à souscrire à l’augmentation de capital de 200 millions d’euros d’Eviden et de reporter ce montant sur le prix la vente de Tech Foundations. Cela aiderait Atos à se désendetter sans augmenter le nombre d’actions. En termes de cohérence du projet, ce serait beaucoup plus harmonieux. »

Un Message d'espoir aux salariés d'Atos​

David Layani joue l’équilibriste. S’il endosse le costume de défenseur des actionnaires, il n’a pas intérêt à faire capoter la vente de Tech Foundations à Daniel Kretinsky. Il tient en effet à ce que le projet de scission d’Atos se concrétise. Or l’offre de Daniel Kretinsky est la seule aujourd’hui sur la table pour réaliser la séparation de Tech Foundations et le recentrage d’Atos sur Eviden.
Avec 3 300 personnes et un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros, Onepoint ne fait pas le poids face à Atos qui affiche 110 000 salariés et un chiffre d’affaires d’environ 11 milliards d’euros. Mais David Layani n’a pas peur de se montrer audacieux. Son rêve est de transformer Onepoint en favorisant un rapprochement avec Eviden. Ensemble, Onepoint et Eviden opèrent sur un marché estimé à 800 milliards d’euros en croissance moyenne de 10 % par an. Les deux sociétés ont des métiers et des couvertures géographiques complémentaires. Avec ses manœuvres autour d’Atos, David Layani ambitionne de créer un groupe français de services du numérique de taille à rivaliser avec les Accenture, Deloitte, BCG, E&Y et autre Capgemini.
Les salariés d’Atos, malmenés par trois années d’instabilité de la direction, de flottements stratégiques et de dégradation des résultats financiers, s’interrogent sur leur avenir. Onepoint tente de les rassurer avec un message de David Layani les invitant à rester dans l’entreprise et reprendre espoir.
 

phildij

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Trois articles intéressants du site Ecoreseau :

1/ - le premier, déjà signalé par Sedbrou, en date du 25 juin 2023 :

https://www.ecoreseau.fr/actualites...nouveau-qg-pour-onepoint-2023-06-25-95895/amp

> "Sans oublier la présence de Bruno Le Maire, aux côtés de Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du Service"

2/ - le deuxième, plus ancien (11 octobre 2022) :

https://www.ecoreseau.fr/actualites...e-branche-du-groupe-atos-2022-10-11-87426/amp

> avec notamment ce passage intéressant :

Pourquoi racheter une branche du groupe Atos ?
« C’est une occasion unique de bâtir un grand champion français du numérique et de la transformation […] Il en va aussi d’un enjeu de souveraineté parce qu’Atos traite d’activités particulièrement sensibles, notamment dans le militaire, le nucléaire, l’énergie, bref c’est un fleuron dans notre industrie de la tech », renchérit David Layani sur Good Morning Business.

Le fondateur de Onepoint a cette image d’être proche de ses collaborateurs. À Onepoint 20 % des salariés sont actionnaires de l’entreprise dont le patron possède encore 80 % des parts. Sur le management aussi, Layani a sa façon de faire. Et applique sur le terrain sa lecture du professeur de management Issac Getz – alors Onepoint ne possède que trois niveaux de hiérarchie, un fonctionnement plus horizontal. Ce qui pourrait plaire aux salariés du groupe Atos : « Nous savons que certains salariés d’Atos attendent davantage de liberté, davantage de formations et davantage d’accès au capital », défend David Layani dans Les Échos. Un pari fou, encore un.


3/ - le troisième, encore plus ancien (5 février 2022), et déjà des remarques sur le management et les ambitions...

https://www.ecoreseau.fr/entreprend...omme-qui-vaut-1-milliard-2022-02-05-80955/amp
 

wyoui

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Ce que je note : "Il s’agit de réfléchir dans l’intérêt de toutes les parties prenantes : salariés, clients et partenaires financiers et ce dans un dialogue constructif avec la gouvernance."

A aucun moment, les actionnaires ne sont mentionnés dans "les parties prenantes".

Cela veut dire beaucoup dans ce type de communiqué très travaillé. Au moins, il ne ment pas en mode Meunier qui en 2022 nous disait au sujet du plan de scission : "Les actionnaires de long terme ne seront pas lésés". On était à 24 euros.
 

marcel

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Ce que je note : "Il s’agit de réfléchir dans l’intérêt de toutes les parties prenantes : salariés, clients et partenaires financiers et ce dans un dialogue constructif avec la gouvernance."

A aucun moment, les actionnaires ne sont mentionnés dans "les parties prenantes".

Cela veut dire beaucoup dans ce type de communiqué très travaillé. Au moins, il ne ment pas en mode Meunier qui en 2022 nous disait au sujet du plan de scission : "Les actionnaires de long terme ne seront pas lésés". On était à 24 euros.

Oui, j'ai aussi été interpellé par cette omission qui n'est certainement pas anodine.

Il y a aussi la dernière phrase indiquant que Layani demande aux salariés de reprendre espoir et de rester dans l'entreprise. Ce qui prouve bien que c'est une chose problématique au sein du groupe dans lequel la démobilisation doit être palpable.
 

phildij

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Moi aussi, cela m'a interpelllé !

Après, est-ce que parmi les "partenaires financiers", il n'incluerait pas aussi les actionnaires, avec les autres créditeurs (banquiers) ?
 
Ce que je note : "Il s’agit de réfléchir dans l’intérêt de toutes les parties prenantes : salariés, clients et partenaires financiers et ce dans un dialogue constructif avec la gouvernance."

A aucun moment, les actionnaires ne sont mentionnés dans "les parties prenantes".

Cela veut dire beaucoup dans ce type de communiqué très travaillé. Au moins, il ne ment pas en mode Meunier qui en 2022 nous disait au sujet du plan de scission : "Les actionnaires de long terme ne seront pas lésés". On était à 24 euros.
"partenaires financiers" inclus les actionnaires à mon sens
 

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