(CercleFinance.com) - L'étrange euphorie du début de la matinée (
Bourse de Paris gagnant 1,1% pour tester 7.930Pts), comme pour célébrer des 'tarifs' de 'seulement' 15% quand Trump menaçait l'Europe de 30% s'est maintenant dissipée et le CAC40 bascule dans le rouge pour -0,4%, vers 7.800Pts).
L'Euro-Stoxx50 retombe lui aussi, de 5.417 vers 5.340 alors que le DAX à Francfort perd près de -1% (retour sous les 24.000), largement pénalisé par le 'deal' conclu par Ursula von der Leyen va largement pénaliser l'industrie allemande, contrainte d'acheter du gaz plus cher, d'investir massivement aux Etats Unis, d'acheter de l'armement US avec... zéro contrepartie.
L'accord commercial conclu hier entre les États-Unis et l'Union européenne a -officiellement et pour reprendre les éléments de langage de Bruxelles- 'apporté un soulagement bienvenu dans l'épineux dossier des relations commerciales internationales', même si les facteurs de prudence restent bien présents avant une semaine qui s'annonce extrêmement chargée.
Les États-Unis infligent donc à l'Union européenne un accord sur le commerce établissant un taux unique de droits de douane à 15 % sur la grande majorité des exportations de l'UE (contre 2,5% à 5% au maximum précédemment).
Ce taux s'appliquera à la plupart des secteurs, de l'automobile aux semi-conducteurs en passant par les produits pharmaceutiques, même si certains produits stratégiques dans l'aéronautique, les spiritueux, les ressources naturelles ou les matières premières critiques (utiles à l'économie américaine, bien entendu), en seront, eux, exemptés.
Bruxelles s'est par ailleurs engagée à acheter aux États-Unis pour 750 milliards de dollars d'énergie(GNL) et à augmenter de 600 milliards de dollars ses investissements aux États-Unis, tout en supprimant l'intégralité des droits de douane sur les importations américaines.
Des analystes -dont on peut questionner le tropisme pro-US- évoquent cependant un compromis 'favorable' au Vieux Continent, principalement dans la mesure où celui-ci va permettre d'écarter l'incertitude qui pesait depuis de longs mois sur les questions commerciales.
Fini en effet 'l'incertitude' : place à la taxation de 15% -sans action réciproque- de nos exports (5% de plus que le Royaume Uni) et à un effort unilatéral d'investissement de l'Europe de 1.350Mds$, au seul bénéfice des Etats Unis.
Michael Brown, le stratégiste de Pepperstone déroule le même élément de langage exposé après la capitulation sans condition du Japon du 23 juillet:
'On obtient la moitié du taux de 30 % qui était censé entrer en vigueur vendredi, et on est bien en deçà de la menace des 50 % qui avait été brandie par Trump au début du mois'.
Certains professionnels évoquent même un accord 'gagnant', qui devrait avoir 'peu d'effet sur la croissance en Europe' alors que les États-Unis devraient pâtir des tensions inflationnistes liées aux surtaxes douanières.
Mais il y a des commentaires encore plus béats : 'Ce taux de 15 % est équivalent à celui du Japon et bien inférieur à celui imposé à la Chine (alors que les négociations sont encore en cours pour 90 jours, rien n'est fixé, NDLR), ce qui devrait offrir une stabilité bienvenue aux entreprises européennes', juge Joachim Klement, chez Panmure Liberum.
'Cela signifie que les exportateurs européens pourraient même gagner aux États-Unis des parts de marché sur leurs concurrents chinois, qui sont présents sur le sol américain, pénalisés par des taxes plus lourdes', poursuit l'analyste.
Aucun de ces analystes ne cite cette déclaration de Donald Trump vendredi dernier au sujet du 'Japon' : 'les Etats Unis sont gagnants dans une proportion de 90/10, le Japon n'obtient aucune contrepartie, ne taxera aucun produit US... c'est un peu comme s'ils avaient payé un droit de commercer avec nous' (un 'droit' s'élevant à 550Mds$).
Il pourrait réitérer ce communiqué triomphal après l'accord consenti par l'Europe... sans aucune contrepartie qui lui soit favorable également.