19/12/2022 : Secteur Logiciels et Services informatiques / Publication AccentureNous revenons sur le secteur après la publication des chiffres de septembre à novembre de Accenture (1T22/23) vendredi dernier (16/12), qui peuvent permettre une lecture croisée sur l'activité de Capgemini. Dans le détail, Accenture a vu ses revenus progresser de 15% à taux de change constants (probablement autour de 13% en organique), soit légèrement au-dessus des objectifs du groupe. La dynamique en Amérique du Nord (+11%) a quelque peu décéléré, tandis que l'activité en Europe s'est montrée très résiliente (+17%), notamment en France et en Allemagne. Les revenus au Royaume-Uni ont quant à eux continué de progresser, avec une croissance à 2 chiffres. Côté rentabilité, la Mop s'est appréciée légèrement (+20 pb) à 16.5%, un chiffre en ligne avec les attentes. Au global, le carnet de commandes a quant à lui progressé de 6%. Malgré cette bonne publication, Accenture a perdu 6% en Bourse le jour même (16/12). Les investisseurs ont été effectivement déçus par les objectifs du management pour le 2T22/23 (clos fin février). Le groupe table sur un ralentissement de la dynamique des ventes, avec une croissance de 6-10%, sans pour autant modifier ses objectifs de ventes pour 2022/23. Le milieu de cette fourchette (8%) est légèrement en dessous des attentes du consensus. Alors que Accenture voit toujours un environnement solide pour les dépenses technologiques, une tendance moins forte est observée dans plusieurs domaines (marketing digital, média notamment), dans le sillage des craintes macroéconomiques, certains groupes préférant plutôt reporter leurs projets. Pour autant, nous ne pensons pas que ce message de prudence devrait envoyer un signal négatif pour Capgemini, car le groupe est bien moins exposé que son concurrent à ce type de secteur. Pour mémoire, nous tablons toujours sur un scénario de décélération de la croissance organique des ventes du groupe, passant de +10% au 4T22E à +7% au 1T23E (+4% en 2023E), ce qui devrait correspondre à une différence de 2 à 3 pp en dessous des niveaux de Accenture. La grande différence entre les 2 valeurs correspond surtout à la valorisation, Capgemini (14x les résultats 2023E) se traitant toujours nettement en dessous de son rival américain (23x).14/12/2022 : Retour sur la publication du 3T22.Atos a publié ses ventes du 3T22 le 26/10 dernier. Dans l'ensemble, les revenus ont progressé de 1.1% à taux de change constants (tcc) à EUR 2 818 m et la croissance organique a été quasiment stable (-0.1%), dépassant ainsi nos estimations (-1.5% E). Par division, le CA de Evidian a progressé de 2.1% à tcc, en ligne avec les attentes, porté notamment par une bonne dynamique dans le secteur de la cybersécurité. L'activité HPC (Calcul Haute Performance) est toutefois restée sous pression. La division Tech Foundation s'est quant à elle montrée plus résiliente que prévu, le CA étant globalement resté stable (+0.3%). Le ratio prise de commandes/CA a été plutôt décevant à 74%, mais devrait s'apprécier au 4T22, à la faveur de nouvelles prises de commandes dans le segment HPC. Par ailleurs, le management a ajusté ses objectifs de ventes pour 2022, la base de comparaison étant plus favorable au 4T22. Le groupe table désormais sur une croissance dans la moitié haute de la fourchette de -0.5% à +1.5%. Par ailleurs, la consommation de trésorerie devrait s'élever à environ EUR 400 m (FCF négatifs), en incluant les coûts du plan de restructuration en cours (en ligne avec nos estimations). Le management a d'ailleurs profité de cette publication pour faire un point sur son plan de transformation. Le programme de cessions d'activités non stratégiques est en bonne voie (cible de EUR 700 m au global), avec déjà plusieurs transactions de petites tailles signées. Au global, nous ne voyons pas de catalyseur particulier à court terme et la visibilité reste limitée. Nous préférons en conséquence maintenir une approche conservatrice sur Atos.18/11/2022 : Cession des activités en Italie.Atos a annoncé le 17/11 être entré en négociations exclusives avec le fournisseur de services informatiques italien, Lutech, en vue de céder ses activités en Italie (Atos Italia). Lutech, qui est détenu par le fonds Apax, a l'ambition de combiner les deux entités et ainsi de créer un acteur de premier plan en Italie. Cette annonce est plutôt encourageante, car le groupe va céder ces actifs à un prix intéressant en cash (EUR 230 m + EUR 36 m de compensations possibles post intégration). Les multiples de transaction se rapprocheraient ainsi de 1.1x le CA et de 15x le REX 2021, ce qui semble intéressant vis-à-vis du mix d'activités de Atos Italia (70% correspondant à Evidian et 30% à Tech Foundation). Dans ce contexte, le dette nette de Atos pourrait se rapprocher de EUR 1.7 md fin 2022E, avant toutefois de dépasser les EUR 2 md sur 2023-24E en raison des restructurations nécessaires. D'autres cessions d'actifs seront probablement à l'ordre du jour d'ici mi-2023. En attendant, Atos aura besoin de réaliser une bonne publication au titre du 4T22 pour maintenir une certaine confiance auprès des investisseurs. Le management s'attend à un trimestre « décent » et nous visons pour notre part une croissance organique des ventes de 3.5% dans le sillage d'une base de comparaison favorable. Toutefois, nous continuons de tabler sur : 1) une Mop courante de 3% pour 2022E, ce qui reste un défi pour le groupe après avoir seulement atteint 1.1% au 1S22 et 2) une consommation de trésorerie de EUR 435 m, en raison du montant élevé des coûts de restructuration (EUR 350 m E). La visibilité reste donc limitée à court terme.07/10/2022 : Retour sur l'offre faite par Onepoint.Nous avons eu la chance d'avoir une discussion avec le management de Onepoint pour mieux comprendre l'offre que le groupe avait faite à Atos le 27/09. Onepoint semble avoir une certaine flexibilité autour de son offre, qui valorise Evidian à EUR 4.2 md. Cependant, même si nous pensons que cette opération pourrait assainir le bilan de Atos, elle n'offre pas beaucoup d'avantages aux actionnaires. Les liquidités restantes seraient effectivement limitées, après avoir déduit : 1) la dette nette (EUR 1.7 md fin 2022) ; 2) l'amende potentielle liée au procès aux Etats-Unis avec Trizetto (USD 550 m en jeu) ; 3) le déficit du fonds de pensions du groupe et 4) le montant d'affacturage potentiellement sans recours (EUR 0.8 md). Par ailleurs, en amont de la publication du 3T22, nous avons ajusté nos chiffres et tablons désormais sur une baisse des ventes de 1.5% en organique (vs - 1.9% au 2T22), avec une certaine résilience des activités historiques liées à l'infrastructure. Cette publication ne devrait pas apporter de surprise particulière selon nous. Le prochain catalyseur possible pour le titre sera sûrement l'issu du procès aux Etats-Unis, qui pourrait avoir en cas de succès un effet positif de EUR 5/action. A court terme, le titre devrait cependant rester volatile.03/10/2022 : Rejet d'une offre de EUR 4.2 md pour Evidian.A la suite de rumeurs de marché, Atos a confirmé le 29/09 avoir reçu mardi dernier (27/09) une offre non-sollicitée pour l'acquisition de Evidian de la part de la société de conseil, Onepoint, associée au fonds d'investissement anglo-saxon ICG. Cette offre valorise la cible EUR 4.2 md au global. Selon le management du groupe, après examen attentif, le Conseil d'administration s'est réuni et a rejeté à l'unanimité cette proposition, cette offre n'étant pas « dans l'intérêt de la société et de ses parties prenantes ». Il est selon nous difficile de calculer la valeur résiduelle précise pour les actionnaires de Atos impliquée par cette offre, compte tenu notamment de certaines incertitudes majeures : 1) l'issue du procès en appel (USD 550 m de dommages-intérêts) entre Syntel, filiale de Atos et Trizetto-Cognizant, qui représente près de 60% de la capitalisation boursière du groupe ; 2) l'évolution de la dette nette d'ici fin 2022 (avec le montant d'affacturage de EUR 0.8 md, la dette globale serait de EUR 2.5 md) et 3) les investissements prévus pour redresser les activités historiques de Atos (EUR 1.1 md), dont EUR 850 m liés à des restructurations. Après ces éléments, dans le cadre de l'offre de Onepoint, nous estimons que Atos finirait avec EUR 600 m de cash (seulement EUR 50 m si le procès était perdu), ce qui ne représente pas une grande différence avec la valorisation sous-jacente du titre. A court terme, les incertitudes restent élevées, notamment par rapport à l'atteinte de la cible de Mop de 3% pour 2022 du management (réponse à la publication du 3T22). Il sera également intéressant aussi de voir si cette offre (peu attractive pour les actionnaires de Atos) poussera d'autres acteurs (Thales ou Orange) à lancer une offre pour les actifs de cybersécurité ou de HPC. Au global, nous maintenons notre opinion neutre en raison de la visibilité très limité sur le titre.17/08/2022 : Résultats mitigés au 1S22.Atos a publié des résultats mitigés au titre du 1S22 (26/07). La tendance au niveau des ventes en organique s'est quelque peu améliorée entre le 1T22 et le 2T22, même si la croissance reste toujours en berne (-1.9% sur un an). Au niveau des nouvelles divisions du groupe, l'activité de Evidian (digital et cyber sécurité. : +2%) est ressortie en dessous de notre cible, alors que celle de Tech Foundation (infrastructure. : -2.6%) s'est montrée plutôt résiliente. La déception vient plutôt de la rentabilité, qui est restée très faible, avec un niveau de Mop courante de 1.1% (2% en dessous du consensus). Les marges de Evidian (3.5%) sont notamment ressorties en dessous de notre cible. Côté liquidités, les FCF ont été encore plus faibles que prévu, reflétant une consommation de trésorerie de EUR 555 m (vs EUR 466 m E), accentuant la dette nette du groupe à EUR 1.79 md à fin juin. En attendant, Atos a quand même réussi à sécuriser son nouveau plan de financement (point très important), qui lui fournira les moyens financiers nécessaires durant la période de transition précédant la séparation envisagée. Atos a déjà reçu l'engagement des banques pour EUR 1.5 md sur les EUR 2.4 md de sa facilité de crédit renouvelable, en un prêt à terme non garanti avec une maturité de 18 mois et deux extensions possibles de 6 mois. Une facilité de crédit renouvelable de EUR 900 m a aussi été maintenue. Le covenant de la dette nette a quant à lui été porté à 3.75x l'EBE. Au global, le management a confirmé ses objectifs pour 2022, visant plutôt le bas de sa fourchette de Mop courante (3-5%) et des FCF entre -150-200 m. Pour notre part, la volonté du groupe d'atteindre une Mop courante de 5-6% au 2S22 s'annonce difficile au vu des chiffres du 1S22 et représente un risque de déception à court terme. Nous n'avons pas apporté de changement particulier à nos estimations, en dehors des FCF 2022E en raison du timing des coûts de restructurations. Même si Atos ne devrait pas avoir à passer par une augmentation de capital, le contexte reste trop volatil selon nous pour les mois à venir.11/07/2022 : Trop tard pour être réparé ?Si l'espoir d'un refinancement subsiste d'ici la fin de l'été, nous avons de plus en plus de raisons de croire que Atos perd un nombre important de personnes clés au sein de ses effectifs depuis le début de l'année, et notamment au sein de ses activités stratégiques de Big data et cyber sécurité (BDS). Cet élément pourrait être selon nous problématique sur : 1) les publications de résultats à venir, ce qui pourrait dégrader davantage le sentiment négatif sur le titre et 2) le prix d'acquisition potentiel avancé par Thales (EUR 2.7 md pour BDS), qui risquerait d'être revu en baisse si le contexte opérationnel interne se dégradait davantage. Par ailleurs, nous avons préféré prendre un scénario plus conservateur pour nos estimations 2022-23E. En effet, nous pensons que Atos devrait avoir plus de difficultés que ses pairs pour relever le prix de ses contrats, face à l'ensemble des défis récents du groupe et à la dégradation de son image de marque (non négligeable face à ses clients). Ce manque de pouvoir de fixation des prix pourrait peser plus que prévu sur la rentabilité de Atos, ce qui nous pousse à abaisser notre cible de Mop à 2.5% pour 2022E. Nos estimations sont désormais en dessous des objectifs du groupe. Jusqu'ici, nous avons été beaucoup trop patients avec le management et le Conseil d'administration de Atos alors que la situation n'a cessé de se détériorer mois après mois. S'il n'est pas encore trop tard pour redresser la situation et obtenir une valorisation de EUR 30-40/action sur le long terme, peu d'investisseurs risquent d'attendre 3 ans sans prise de décision concrète de la part du Conseil d'administration et du management. Au global, nous avons préféré dégrader notre opinion. Un potentiel de hausse de 30% nous semble insuffisant pour ce type de dossier.15/06/2022 : Retour sur le CMD.Atos a organisé une journée de rencontre avec les investisseurs (CMD) mardi (15/06) pour présenter son projet de séparation en 2 entités cotées. En un mot, l'objectif de ce projet est de dégager de la valeur à moyen terme, mais il nécessitera des coûts de restructuration plus importants que prévu sur les 3 prochaines années et laissera les actionnaires actuels de Atos avec seulement 70% du capital de la nouvelle entité spécialisée dans le digital et la cyber sécurité, Evidian. Dans le détail, Atos a comme projet de se scinder en 2 ; entre : 1) Tech Foundations (infrastructure.) correspondant aux activités en décroissance ou à faible croissance, qui devrait générer un CA de EUR 4 md et une Mop de 5% d'ici 2026 et 2) Evidian (Big data, digital, cuber sécurité.), qui bénéficie de meilleures perspectives et dont le CA pourrait atteindre EUR 7 md avec une Mop de 12% d'ici 2026. Un des points qui a clairement déçu les investisseurs correspond à la volonté du management de céder une part de Evidian (30%). Cette cession servira notamment à financer la fin des restructurations de Tech Foundations sur 2024-25. A court terme, les restructurations devraient être prises en charge par de l'endettement, portant la dette nette du groupe à ~EUR 2 md fin 2023E en incluant un montant de ~EUR 500 m de cessions d'actifs (vs EUR 1.2 md fin 2021). Pour notre part, les perspectives 2025- 26 de Atos sont alignées avec nos estimations, à savoir ramener la Mop à environ 9% au global. Néanmoins, les montants nécessaires pour la restructuration des activités historiques du groupe (infrastructure notamment) sont plus importants que prévu et ce « nettoyage » va prendre plus de temps. Au sein de notre modèle, nous reflètons les résultats plus faibles que prévu sur 2022-23E et le fait que les actionnaires du groupe ne devraient conserver que 70% de Evidian. L'annonce du départ de l'actuel directeur général, Rodolphe Belmer (remplacé par 2 co-directeurs généraux), en même temps que celle du nouveau plan stratégique, a été très mal vue par les investisseurs, le titre ayant perdu plus de 20% sur la séance (14/06). Son départ aurait très bien pu se faire selon nous juste après la scission des activités. En attendant, le groupe a été largement sanctionné par le marché et l'impact sous-estimé de la dette reste significatif pour une si petite capitalisation boursière (13/06/2022 : CMD à venir mardi.Le titre a été très volatil en Bourse au cours des dernières séances à la suite de la publication de plusieurs articles de presse évoquant des divergences d'opinion au sein de la gouvernance de Atos. Le groupe tiendra justement une journée de rencontre avec les investisseurs (CMD) mardi matin à Paris (14/06) pour présenter la mise à jour de sa stratégie. Un focus important devrait être mis sur la réduction des coûts, avec un plan sur 3 ans. L'un des principaux problèmes du groupe correspond au coût moyen par employé, qui est environ 10% supérieur à celui des pairs et explique une partie de l'écart de rentabilité. Le problème vient d'un manque de délocalisation, malgré l'acquisition de Syntel, et d'un âge moyen plus élevé au sein de ses effectifs. Le management devrait donc poursuivre la restructuration de ses effectifs, tout en continuant à renforcer ceux de sa division de Big Data et cybersécurité. Un premier objectif de Mop à moyen terme de 7% pourrait être annoncé, le management tablant déjà sur une cible proche de 10% à plus long terme. En termes d'organisation, l'accent devrait être porté sur les différentes options envisageables pour la division Big Data et cybersécurité (cotation, scission, cessions.), ce qui semble avoir été à l'origine des désaccords au sein de la gouvernance. Le Conseil d'administration semble en effet opposé à tout changement de périmètre pour les actifs du groupe, mais un compromis aurait été trouvé ces derniers jours, avec la formation d'une nouvelle structure qui serait gérée de manière autonome (avec sa propre gouvernance et son propre bilan), en regroupant quelques autres actifs de Atos. Enfin, une option de rachat du groupe nous semble toujours peu probable à court terme, le Conseil d'administration y restant pour le moment hostile. Au global, avec un focus particulier sur les coûts, l'objectif de Mop de 7% à moyen terme nous conduirait à des BPA proches de EUR 5, ce qui soutiendrait pleinement notre objectif actuel sur Atos (valorisation décorrélée des actifs du groupe).