Atos au coeur de la guerre économique ? - Chapitre 3 /6 -

matabeta

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Copie du chapitrage sur le forum Bourso pour ceux qui auraient raté l'analyse membre.
-Dans le chapitre 1, nous avons exploré l'arme des acquisitions stratégiques par des fonds d'investissements aux liens étroits avec les services américains. Nous avons vu que de tels fonds avaient effectivement approchés Atos en pleine tempête boursière.-Dans le chapitre 2, nous avons constaté que certains Hedges Funds usant de la vente à découvert sont considérés comme des "armes de guerre" par les plus hautes autorités. Nous avons constaté leur pression sur le cours d'Atos.-Dans le chapitre 3, nous allons voir comment des fuites, annonces négatives, et rumeurs infondées, ont pu être orchestrées ou amplifiées dans le cadre de cette pression baissière et fragiliser l'entreprise Atos.

3/ LA DESTABILISATION INFORMATIONNELLE 
La doctrine américaine veut que tous les moyens de l'État (économique, politique, renseignement, militaire...) soient mobilisables pour défendre les intérêts des États-Unis dans le monde. Des précédents ont pu démontrer que la diffusion de rumeurs infondées, de doutes artificiels sur des activités d’une entreprise, ou d’incitations à faire commettre des fautes diverses, peuvent constituer une méthode de déstabilisation à des fins d'affaiblissement et/ou de prises de contrôles de l'entreprise. Le cas Atos est symptomatique car il se trouve qu’elle a été la cible de... L’ensemble des méthodes citées !
PRECEDENTS CONNUS :
En septembre 1998, Alcatel se lance à l'assaut du groupe DSC Communications. Mais les USA la considèrent stratégique : la sanction ne tardera pas. Moins de dix jours après l'opération, des rumeurs affluent dans les salles de marchés* (15) : l'une d'elles affirme que le directoire aurait vendu des stock-options avant l'annonce des résultats semestriels. La rumeur s'avèrera fausse, mais le titre a décroché. Une autre indique que Goldman Sachs et le courtier Kleinwort Benson auraient vendu 2 millions de titres chacun. Nouvelle chute. Dans ce contexte, Alcatel publie des résultats déçevants : la la chute du cours est historique* : quasiment -40% en une séance* (16). Les rumeurs infondées se poursuivent : on évoque par exemple la démission imminente du PDG, M. Tchuruk. Encore faux.
Peu après ces attaques informationnelles et boursières, l'américain Lucent sort du bois et fait part de son intérêt pour Alcatel. La proie résiste plusieurs années, mais sa capitalisation boursière est faible, et les difficultés s'accumulent. La fusion avec Lucent finira par avoir lieu en 2006.
DANS LE CAS D'ATOS :
-En avril 2021, les commissaires aux comptes sont contraints d’émettre des « réserves » sur les comptes consolidés, suite au signalement par deux filiales américaines de "doutes" suites à de possibles erreurs comptables". Le problème semble relatif car les sociétés représentent moins de 11% du chiffre d'affaire et Atos précisera que 'les comptes sont certifiés et [que] les états financiers restent inchangés"* (17). Pourtant, le cours dévisse de près de 20% sur cette information.Lorsque, à l'issue de l'audit, les "doutes" sont levés, le cours ne corrige étrangement quasiment pas cette baisse infondée.
-En mai 2021, l'entreprise Finsur Corp, enregistrée dans l'Etat américain du Delaware, annonce avoir franchit le seuil de 5% du capital d'Atos. Cette annonce provoque un vent de panique chez Atos qui décide de saisir l’autorité des marchés financiers (AMF) pour "présomption de manipulation des cours". En l'occurence, le 21 mai, Finsur indique dans un autre avis être passé sous le seuil de 5% du capital, à 4,19% exactement et envisager "de continuer à vendre des actions et de sortir du capital".L'enquête détermine que Finsur Corp est détenue par un homme français de 26 ans inconnu du monde des affaires, et que les déclarations de franchissements étaient totalement fausses* (18). L'accusé écope d'une amende dérisoire (800€) pour diffusion d'informations fausses ou trompeuses. Lors de l'enquête, il a assure qu'il ne savait pas que ses déclarations seraient rendues publiques. C'est surprenant pour un individu qui a visiblement les connaissances pour enregistrer une société aux Etats-Unis.Si le cours de bourse d'Atos n'a pas subit de forte variation suite à ces informations fausses, les motivations précises et ses liens éventuels avec les Etats-Unis de cet individu restent mystèrieuses.
-Quelques mois plus tôt, en janvier 2021, le cours de bourse d'Atos s'effondre de plus de 13% suite à une information de Reuters indiquant son intérêt pour un concurrent américain, DXC Technology. L'opération semble en effet incompréhensible alors que l'entreprise DXC, qui opère sur une activité d'infogérance en déclin et est criblée de dettes, représenterait alors la plus grosse transaction réalisée jusque là par Atos : 10 milliards de dollars, alors qu'Atos pèse à ce moment 7 milliards de dollars. Par ailleurs, ce projet entre en contradiction avec les ambitions affichées en terme d'acquisitions, qui devaient se concentrer sur les activités Cloud ou Cyber-sécurité notamment.Très rapidement, le projet est abandonné par le directoire d'Atos. Mais le cours ne retrace, encore une fois quasiment pas la baisse engendrée par cette information. Si la faute semble être attribuable à Atos, dirigée alors par Elie Girard, le contexte des discussions engagées avec le groupe américain mériterait des éclairages.Quelle partie à pris l'initiative, d'où est venue cette idée étonnante, le board a-t-il été influencé dans son choix ? Ces questions restent sans réponses à ce jour.
Au delà des difficultés internes à Atos qui apparaîtront par la suite, ces évènements ont participé à fragiliser le titre sur le marché. La baisse du cours, qui plonge de 40% en quelques mois, est amplifiée par une exposition grandissante de positions de ventes à découvert évoquées précédemment.
En plus de ces manœuvres de déstabilisation informationnelle présumées, une pression supplémentaire est exercée par l’arme judiciaire américaine, sur laquelle de nombreux soupçons de connivences avec différents services américains sont documentés. Atos est également concernée par cet aspect, que nous allons explorer dans le chapitre suivant.
 

matabeta

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Liens de références en bas de page analyse membre :
https://atos.blog/2023/01/04/analyse-membresn4-atos-au-coeur-dune-guerre-economique-partie1-matabeta/
 

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