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ATOS : Quatre mois pour parvenir à un accord de refinancement
Le 26 mars 2024 à 19:18Partager
COMMUNIQUÉS DE PRESSE SUR LES RÉSULTATS ET LE CHIFFRE D'AFFAIRES
Atos a enregistré une perte nette de -3,4 milliards d'euros en raison d'une dépréciation de -2,5 milliards d'euros et de coûts de réorganisation significatifs (-0,7 milliard d'euros). Le Groupe a entamé une procédure de conciliation à l'amiable afin de trouver un accord avec les banques et les détenteurs d'obligations d'ici juillet 2024. Notre scénario actuel, qui comprend la conversion de la dette en capital, sera revu pour y ajouter une augmentation de capital ultérieurement, en fonction des besoins d'argent frais. Tout cela se traduira par une dilution considérable.
FAIT
En 2023, le chiffre d'affaires a atteint 10 693 millions d'euros (-5,1 %). Le chiffre d'affaires organique a augmenté de +0,4% dont +2,9% pour Eviden et -1,7% pour Tech Foundations.
Les prises de commandes s'élèvent à 10,1 milliards d'euros, soit un rapport commandes-facturation de 94% (+4pts) (94% dans chaque entité). Ceci inclut un fort Q4 23 avec un ratio book-to-bill de 108% (dont 100% chez Eviden et 117% chez Tech Foundations).
La marge opérationnelle a augmenté à 467 millions (31%) représentant un taux de marge de 4,4% du chiffre d'affaires (+1,2pt et +1,7pt organiquement). L'amélioration du taux de marge opérationnelle a été plus importante chez Tech Foundations (+1,8pt à 3,1% du chiffre d'affaires) que chez Eviden (+0,5pt à 5,8% du chiffre d'affaires).
Les effectifs ont diminué de 14% pour atteindre 95 140 employés à la fin de l'année 2023 (-6% à périmètre constant). Atos a recruté 14 839 salariés dont 70% dans les pays offshore et nearshore.
La perte nette du groupe est de -3 441 millions d'euros après des coûts de réorganisation importants de -696 millions d'euros dont des coûts de séparation et de transformation de -353 millions d'euros et des dépréciations de goodwill et d'actifs non courants de -2 546 millions d'euros dont -1 920 millions d'euros pour le goodwill d'Eviden. Les charges financières nettes ont augmenté à -227 M (contre -175 M en 2022) en raison de la hausse des taux d'intérêt et des tirages supplémentaires sur les emprunts bancaires.
Le résultat net normalisé du groupe est de 73 M (vs -28 M en 2022).
Le free cash flow est négatif à -1.078m dont -109m (vs zéro initialement prévu) au S2 23 en raison de retards dans les actions de BFR et du report de certaines opérations à la fin de l'année.
Les cessions d'actifs ont rapporté 411 millions d'euros en cash (cession d'Atos Italia, d'EcoAct, d'UCC et de la part dans la joint-venture avec le groupe State Street).
A la fin de l'année 2023, la dette financière nette s'élevait à 2.230 millions d'euros. Les emprunts bruts s'élevaient à 4 654 millions d'euros, dont 2 400 millions d'euros d'obligations et 2 080 millions d'euros de financement bancaire.
Le ratio d'endettement applicable au prêt à terme A (1,5 milliard) et à la facilité de crédit renouvelable multidevises (0,9 milliard) était de 3,34 fois, inférieur à la convention bancaire de 3,75 fois.
Bien entendu, il n'y a pas de dividende pour l'exercice 2023.
Atos a entamé une procédure de conciliation à l'amiable dans la continuité du mandat ad hoc pour parvenir à un accord de refinancement avec les banques et les détenteurs d'obligations. L'objectif est de parvenir à un accord d'ici juillet 2024.
Aucune prévision pour 2024 n'est donnée tant qu'un accord de refinancement n'a pas été conclu.
ANALYSE
Chiffre d'affaires organique, marge opérationnelle par division
En 2023, la légère progression du chiffre d'affaires organique (+0,4% vs +0,1% en 22) est imputable à Eviden (+2,9% vs +2,0% en 22). Inversement, la baisse du chiffre d'affaires organique se poursuit au même rythme chez Tech Foundations (-1,7% vs -1,6% en 22).
La progression de la marge opérationnelle (+1,3pt à 4,4% du chiffre d affaires) est attribuable à Eviden et Tech Foundations. L'amélioration a été plus forte que prévu chez Tech Foundations (+1,8pt à 3,1% du chiffre d'affaires) et inférieure aux attentes chez Eviden (+0,5pt à 5,8% du chiffre d'affaires).
- Eviden : la croissance organique du chiffre d'affaires a été modérée en raison d'une croissance à un chiffre dans le secteur numérique (impact d'une prise de décision plus longue sur le marché américain). La croissance organique a été meilleure (+5%) dans Big Data & Security (BDS) grâce à Mission Critical Systems et High-Performance Computing (HPC) (Espagne, montée en puissance d'un nouveau contrat en Inde).
La hausse de la marge opérationnelle est due à une augmentation de l'utilisation du personnel facturable et à l'absorption plus importante des coûts fixes dans le domaine du HPC. - Tech Foundation : la poursuite de la décroissance organique de l'activité principale (-2%) est due à l'activité de cloud hybride et d'infrastructure.
Le rebond de la marge opérationnelle est dû à la renégociation de contrats peu rentables, à l'amélioration des livraisons, à l'augmentation des prix sur les nouveaux contrats et à la réduction des activités non stratégiques à faible marge (revente de matériel et de logiciels).
En 2024, le travail d'amélioration du BFR se poursuivra avec le recours à l'affacturage (650m), les paiements anticipés des clients et la réduction du DSO et des négociations avec les fournisseurs qui bénéficient de conditions de paiement trop favorables.
Impact des mesures sur le BFR en 2023 :
- Affacturage (712m vs 862m en 22)
- Créances commerciales (455m vs 647m en 22)
- Dettes commerciales (650m vs 810m en 22)
Atos a entamé une procédure de conciliation à l'amiable pour parvenir à un accord de refinancement avec les banques et les détenteurs d'obligations. Cette procédure concerne la dette financière et devrait durer quatre mois avec une extension possible d'un mois. L'objectif est de parvenir à un accord d'ici juillet 2024.
À la fin de l'année 2023, les emprunts bruts s'élevaient à 4,6 milliards d'euros. Ils comprenaient le prêt à terme A de 1,5 milliard d'euros arrivant à échéance en juillet 2024 avec une option d'extension jusqu'en janvier 2025, l'obligation de 500 millions d'euros arrivant à échéance en novembre 2024, l'obligation de 750 millions d'euros arrivant à échéance en mai 2025 et la facilité de crédit renouvelable de 900 millions d'euros arrivant à échéance en novembre 2025. Le reste de la dette (1,15 milliard) arrive à échéance en novembre 2028 et 2029.
Selon Atos, les prévisions de trésorerie pour les douze mois à venir répondent aux besoins de liquidités sur cette période. Elle repose sur diverses hypothèses telles que la poursuite des actions sur le BFR, y compris le recours à l'affacturage, l'achèvement du programme de désinvestissement de 400 millions d'euros annoncé en juillet 2023, 200 à 300 millions d'euros étant attendus en 2024, et la mise en œuvre de cessions supplémentaires actuellement en cours d'évaluation.
En ce qui concerne les BDS pour lesquels la fin des discussions avec Airbus a été annoncée le 20 mars 2024, Atos cherche des alternatives. Dans un communiqué de presse du Ministère de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique, l'Etat français entend mettre en œuvre une solution nationale pour la protection des activités stratégiques d'Atos dont les BDS.
IMPACT
Nous allons intégrer les chiffres de 2023 et revoir nos hypothèses pour 2024. Notre modèle (mis à jour le 9 février 24) inclut la conversion de la dette en capital (1,0 milliard au prix de 0,2/action, 80% en dessous de la valeur nominale de l'action), ce qui conduit à une énorme dilution. Nous devrions ajouter une augmentation de capital car de l'argent frais est nécessaire.
Les capitaux propres, qui s'élevaient à 3,1 milliards au 30 juin 2023, sont désormais inférieurs à 0,3 milliard à la fin de l'année 2023 en raison des pertes nettes considérables du groupe (-3,4 milliards, contre -0,6 milliard au premier semestre 23).