Questions ouvertes à ceux qui ont les réponses :

[pierre]

Comment se fait-il qu’Atos sous traite autant le travail à des cabinets extérieurs ? Ne peut -il pas faire ce travail lui-même avec ses salariés ?

Pourquoi ces sous-traitants facturent ils si chères leurs prestations à l’entreprise en difficulté qu’est Atos, alors qu’ils savent travailler gratuitement pour des campagnes électorales ? La logique voudrait que ce soit le contraire afin de sauver une entreprise qui paie énormément d’impôts sous forme de taxes et charges sociales en France.

Comment se fait-il qu’Atos licencie des salariés à grand frais, alors que près de 20% de ceux-ci quittent d’eux même la boite chaque année ? Doit-on en déduire que le DRH s’est trompé de profil ? Il a embauché des médecins, infirmières, aides-soignantes et pas des informaticiens parce qu’avant d’avoir été embauché chez Atos il occupait des fonctions de DRH dans un hôpital et ne se rappelait plus des métiers de sa nouvelle entreprise lorsqu’il a recruté chez Atos ? Être obliger de licencier dans un secteur ou le problème est la pénurie de salarié me semble surréaliste.

Pourquoi les politiciens passés par la direction et le CA d’Atos ont-ils géré cette entreprise de cette manière ces dernières années avec pour résultat une perte de 5 mds€ en trois ans dans un secteur aussi porteur ou la demande est forte et ou logiquement dans cet environnement tout le monde gagne de l’argent. Atos en perd lui dans des proportions inimaginables ? Ces surdiplômés n’ont-ils donc pas appris à compter et à réfléchir à l’école ?

 

[eaabc]

Je n'ai pas la réponse à vos questions, mais je vous confirme que vos interrogations sont réelles, la gestion de la société est calamiteuse.
Peut-être un début de réponse juste pour les RH. Les 20% qui partent, sont ceux qui sont performants et savent qu'ailleurs ils feront un vrai boulot, reconnu à leur juste valeur dans une bonne société (Cap, Sopra, Accenture, Thalès, ...). Ceux qui sont sortis à prix d'or sont les moins performants et/ou les anciens qui n'ont pas évolués... Du coup la société ne recrute plus de bon talent qui ne vont pas/plus s'y risquer, elle perd ceux en place, et se garde les moins forts en tentant de les soustraire...
Le fond Sycomore, actionnaire d'Atos juste avant la dernière débâcle posait 17 questions lors de l'AG de juin. Effectivement, Atos tourne moins bien qu'un service public........

 

[fasafr]

J'ai été chez Atos, il y a très longtemps, 20 ans, et à l'époque, c'était une société "à l'ancienne", ultra-hiérarchisée, pyramidalement donc, par équipe, service, département, etc, un modèle à l'ancienne où on ne tolère pas la moindre incartade à la hiérarchie (les conseils venant d'en bas sont tout de suite vues comme des absurdités, ou bien si elles sont insistantes, des tentatives de rébellions).

Alcatel aussi c'était comme ça, pour dire... Bref un modèle qui a eu son temps de gloire mais qui a manqué le tournant plus "moderne" ? Presque certainement. Comme toute les "vielles boites", qui ne peuvent pas évoluer...

D'ailleurs, plus généralement, est-ce que quelque chose évolue vraiment "de son vivant" dans le monde ? Non, je ne crois pas, ça se passe plutôt comme ça : les choses meurent .. et renaissent "en mieux". C'est "ça", mourir puis renaitre, qu'on appelle "l'évolution".

 

[queb63]

une chose qui meure ne renait pas. l'évolution se fait lentement par les naissances. Pour une entreprise le changement passe par son dirigeant. Il peut être ouvert sur ses employés et penser qu'aucunes idées qui remontent ne sont fondamentalements mauvaises, soit comme beaucoup d'entreprise actuellement, il y a les sachants et ceux qui executent et je pense que ces entreprises sont vouées à disparaitre car c'est une auto-asphyxie de la créativité. Après cela concerne des entreprises qui doivent être réactives, créatrices de nouveautés.

 

[Johnjohn]

Beaucoup de questions, et je n'ai que des débuts de réponses à certaines:

-> sur les cabinets extérieurs, ce n'est pas forcément idiot car Atos n'a pas en soit d'interet d'avoir des experts en M&A en permanence dans ces équipes. Atos utilise des experts temporairement, tout comme les clients d'Atos utilisent l'expertise des employés Atos temporairement.

-> sur les 20% de turn-over, le souci est que tous les employés ne sont pas égaux. Typiquement dans les SSII et ESN, les experts n'ont aucun problème à trouver quasi du jour au lendemain un poste chez la concurrence, de même les juniors ont souvent tendance à passer d'une société à une autre régulièrement pour changer de poste (les évolutions internes sont souvent rares, hormis un changement de titre, et ce n'est pas que chez Atos).

Par contre les employés plus agés, qui ont oublié de se former au fil des années, pas forcément les plus preneurs de risque vont avoir tendance à essayer de se cacher dans l'organisation avec une performance décroissante. Pareil pour les postes de manager ou d'administration qui sont souvent des doublons à chaque fusion/acquisition/etc. - ces postes sont soit moins experts (les admins), souvent avec une longue appartenance à la société, et moins facile de trouver un poste similaire chez la concurrence. Du coup ces postes "non billable" s'accumulent, coutent cher et ne rapportent pas grand chose.

Bref, d'ou l'interet de dégraissages réguliers, couteux, et pas facile à executer. Atos ne l'a pas fait depuis des décennies, malgré de très nombreuses acquisition, et le mammouth coute cher aujourd'hui... Ce n'est pas forcément une erreur des RHs au départ, mais plutot une mauvaise utilisation des ressources ensuite.

 

[Elvod]

Effectivement Atos est très/trop hiérarchisé et certains ont obtenu des jobs à vie trop bien payé pour leur valeur ajoutée, beaucoup de copinage derrière tout ça par ailleurs.
Avant avec la politique de croissance externe très forte, cela suffisait pour diluer ces coûts dans une masse plus grande. Depuis qu'il n'y a plus eu de grosse acquisition, que les bons sont partis petits à petits faute d'être bien payés, et que les mauvais bien payés n'ont pas été expurgés pour autant, tu arrives à la situation d'aujourd'hui avec une MOP en déclin.
Le top management manque de courage pour faire une vraie purge dans les niveaux SVP, VP et directeur. Il faut pourtant faire de la place pour les nouveaux talents afin de réussir à les retenir. Le problème c'est que cette purge ne peut pas être faite par les internes, eux-mêmes en prise avec ces réseaux internes qu'ils ont mis si longtemps à se construire... compliqué de scier la branche sur laquelle on est assis !

 

[pierre]

Merci pour vos réponses. La synthèse que j’en fait est la suivante :

Comme dans la fonction publique et les entreprises publique, les salariés compétents et travailleurs sont démotivés par des administratifs en surnombre, recrutés par copinage pour satisfaire la clientèle électorale des politiciens aux manettes.

Par ailleurs, Atos réalise des acquisitions au prix fort sans opérer les synergies nécessaires pour les intégrer au reste du groupe avec parfois des procès en cours et sans garantie de passif comme avec Syntel, et des cessions pour des valeurs négatives comme avec TFCO.

La valeur ajoutée des cabinets de conseils grassement rémunérés pour un tel bilan ne saute donc pas aux yeux, surtout dans les opérations de M&A. Les pertes au bilan que tout cela entraine depuis 3 ans sont en revanche elles bien visibles.

Ceux qui soupçonnent que cette destruction de valeur pour l’entreprise n’est pas perdue pour tout le monde et qu’elle est au service de financements occultes de partis politiques n’ont peut-être pas totalement tort.

Ce n’est donc aussi pas un hasard si la seule ESN au monde dirigée encore récemment par des politiques soit aussi la seule à produire des pertes abyssales.

 

[map]

J'ai été chez Atos, il y a très longtemps, 20 ans, et à l'époque,

Qu'as-tu pensé de Bourigeaud ?

J'ai mis 3 interviews de lui sur le blog, il y a 2 mois. Je trouve que c'était une personalité intéressante.

 

[fasafr]

Houla j'étais un ingénieur "grouillot" moi, pas moyen que j'ai approché de près (même de loin) Bourigeaud