Atos au coeur de laguerre économique ? Chapitre 2 /6

matabeta

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Les 3 premiers chapitres de cette analyse qui en compte 6 sont déjà disponibles sur la partie Analyse Membres, mais je ne suis pas sûr que les membres du forum l'aient consulté. Dans le doute, comme sur le forum Bourso, je vous poste les chapitres indépendants ici. Ca peut vous permettre de commenter les points qui retiennent votre attention.
Dans le chapitre 1 , nous avons exploré l'arme stratégique numéro un des américains, celle des acquisitions par des fonds d'investissements aux liens -pour le moins- très étroits avec les services américains. Certains de ces fonds ont bien approché Atos, alors qu'elle était en pleine déroute boursière. On peut donc s'interroger sur les méthodes de déstabilisations financières connues dans l'arsenal américain, via les Hedges Funds, et sur l'éventualité de leur utilisation contre Atos.
2/ LA DESTABILISATION FINANCIERE
A l'issue de deux ans d'une tempête boursière historique, le groupe Atos aura vu sa capitalisation fondre de plus de 8 milliards en 2020 à moins d' 1 milliard d'euros fin 2022. Au-delà des fondamentaux et perspectives, cette valorisation semble présenter une anomalie remarquable puisqu'elle ne représente que, selon les cas, 15 à 25% du montant proposé lors des récentes offres de rachats présentées. En effet, l'offre de première intention de Thales-Bain en début 2022 valorise Atos à un montant proche de 5 milliards d'euros*(01), et plus récemment, une offre initiale de Onepoint en octobre 2022 se montait à 4.2 milliards d'euros*(02).
Des instruments financiers identifiés existent pour intervenir sur le cours d'une action dans le but d' affaiblir la société. Dans le cas d'Atos, une faiblesse majeure réside dans un flottant disproportionné (90%) qui facilite d'autant plus les manœuvres de pressions indirectes et directes sur le titre.
PRECEDENTS CONNUS
Les exemples de déstabilisation financière par une pression baissière du titre ne peuvent être cités car il est par nature difficile de quantifier et prouver les motivations de ces prises de positions.
Mais on peut mesurer la puissance de cette pression en citant une référence historique célèbre : l'attaque de la livre sterling par le célèbre fond de George Soros en 1992 *(12). En shortant la livre, il accélère sa dévaluation et occasionne des milliards de livres de pertes pour l'Angleterre. Si des hedges funds peuvent faire tomber une monnaie, ils peuvent évidemment en faire autant pour des actions.
Dans un rapport intitulé « Les « hedge funds, arme de guerre économique » *(13), l'EGE évoque « des fonds d'investissement non réglementés (...) le plus souvent domiciliés aux Etats-Unis ou dans des paradis fiscaux, jouissant d'une liberté totale quant à l'utilisation des instruments [financiers] à des fins de couverture ou de spéculation et ayant la faculté de recourir à l'effet de levier. » Et de conclure : « Les hedge funds peuvent être une arme de guerre économique. La spéculation sur la baisse peut rapidement faire chuter le cours d'une action d'une entreprise. Cela a pour conséquence principale de réduire la puissance financière d'une entreprise, et de nuire ainsi à son développement. »
A noter par ailleurs qu'en 2010, le président de l'AMF Jean Pierre Jouyet admet (Reuters) : « Nous ne sommes plus en mesure de surveiller que la moitié des transactions. L'autre moitié s'effectue sur des marchés non régulés, de gré à gré ou marchés de gros comme les 'dark pools' »* (14). Cette déclaration visait précisément les agressions stratégiques américaines après l'échec d'un accord de supervision globale avec la SEC (US Securities and Exchange Commission).
Les hedges funds peuvent rassembler une masse de capitaux importante et donc, en se focalisant sur une société cotée, prendre son contrôle ou déstabiliser l'actionnariat ou le directoire de la cible. Leur action est par ailleurs d'autant plus amplifiée qu'ils peuvent créer un effet d'entrainement : dans une étude publiée par la Banque de France* (13), celle-ci détecte une méthode « d'incitation supplémentaire pour les opérateurs à imiter leurs prises de positions. Ceci a fortiori lorsque ces fonds mettent en place leurs positions auprès de banques qui transmettent l'information concernant ces flux à leurs proprietary desks, lesquels prennent à leur tour des positions semblables. »
DANS LE CAS D'ATOS
Les positions vendeuses déclarées sur le capital d'Atos ont culminé au-delà de 20% de sa capitalisation, plaçant Atos en 2021 et en 2022 sur le podium des actions les plus shortées du marché français. Dans ce contexte, des mouvements de fonds majeurs désignés précédemment comme ayant des liens avec les services américains, comme JP Morgan ou Blackrock *(03) (04), apparaissent lors de mouvements de franchissements de seuils déclarés auprès de l'AMF. Ils ont la surface financière pour offrir une contre-partie permanente aux fonds spéculatifs qui souhaitent vendre à découvert.
Certains des Hedges Funds qui agissent sur Atos, comme Greenvale Capital, sont remarquables de part l'importance et surtout la durée de leur exposition, malgré des gains et des risques potentiels élevés. Mais surtout à leurs côtés, de nombreux fonds demeurent « invisibles » en restant sous le seuil déclaratif de 5% du capital. Leur addition associée à leurs capacités d'effets de levier évoquées précédemment peuvent conduire à une pression baissière artificielle et au maintien d'un cours largement sous-évalué.
Il nous est impossible d'identifier les fonds non visibles, et de connaître les intentions des fonds visibles, donc de désigner des intentions dissimulées. Mais dans une étude évoquée dans le chapitre précédent, l'EGE* (03) cite d'ailleurs nommément Atos comme cible d'une « action en cours » à partir de 2021, décrivant l'enjeu suivant : « Enjeux : faire chuter l'action de ATOS, qui perd 40% depuis le début de l'année et la rendre vulnérable face aux fonds d'investissement et concurrents américains ».
En conclusion, ces éléments s'ajoutent à ceux du chapitre précédent pour conduire à envisager ces positions comme un outil de pratiques de déstabilisations financières volontaires à visées stratégiques. D'autant plus que des pressions baissières irrationnelles ont été particulièrement amplifiées à l'occasion de fuites, d'annonces négatives, et de rumeurs infondées, que nous allons donc explorer dans le chapitre suivant.
Le chapitre : "3/ LA DESTABILISATION INFORMATIONNELLE" sera publié prochainement.
Tous les liens numérotés sont disponibles sur la page de la page suivante :
https://atos.blog/2023/01/04/analyse-membresn4-atos-au-coeur-dune-guerre-economique-partie1-matabeta/
 
 

b78945

New member
Pour compléter l’information sur Atos, ses actionnaires ont l'obligation de déclarer les franchissements de seuil à la hausse ou à la baisse tous les 1% à partir de 2%. Cette obligation est inscrite dans ses statuts. Je n’ai pas vérifié cette information, mais on peut penser qu’elle est exacte. Elle m’a en effet été transmise par ldesmond sur Boursorama. Cette déclaration de seuils intermédiaires n’a cependant pas à être publiée si j’ai bien compris. Nous PP n’en sommes donc pas informés.
 

matabeta

Active member
Oui, mais seule l'AMF dispose de ces déclarations. Elles sont donc invisibles pour l'ensemble du marché.
 

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