Atos au cœur de la guerre économique ?

matabeta

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Ce propos ne constitue pas une accusation envers les acteurs cités, mais un prospective fondée sur des précédents documentés.

INTRODUCTION

Au-delà des difficultés internes à Atos, une analyse rationnelle ne suffit pas à expliquer certaines évolutions du dossier.
Les aspects souverains, stratégiques et sensibles de ses activités, invitent à explorer les indicateurs de potentielles manœuvres externes à visées stratégiques.
Avec cette grille de lecture, un faisceau d'indices converge vers des intérêts américains. Tour d'horizon de ces indices dans le cas d'Atos, à la lumière des précédents connus.

1/ LES ACQUISITIONS STRATEGIQUES

Dans un récent rapport rendu public, l'École de Guerre Économique (EGE)* (00) identifie certains fonds d'investissements américains comme « un outil extraordinaire de prédation financière contribuant à l'affaiblissement des économies concurrentes (...), notamment à travers la prise de participation et le rachat d'entreprises stratégiques, ainsi que par le rapatriement de leurs technologies sur le sol américain ».

L'EGE constate notamment qu'une intégration au capital est « généralement réalisée de gré lorsque l'entreprise cible traverse des difficultés financières » plus ou moins opportunes. Ce qui conduit à des manœuvres de pressions diverses et adaptées selon les obstacles qui se présentent.

L'EGE et le Ministère de la Défense* (07) ont identifiés de nombreux fonds connus pour leurs liens avec les autorités des Etats-Unis, comme Blackstone, One Equity, Blackrock, KKR ou encore Colony Capital* (03 & 04)...

PRECEDENTS CONNUS D'ACQUISITIONS

Les exemples d'acquisitions ou de participations forcées via ces fonds américains sur des entreprises sensibles françaises sont très nombreux.
Du côté des acquisitions stratégiques, parmi les plus emblématiques, on peut citer (D'autres exemples sont cités dans la version enrichie de ce document) :

-Le rachat de Gemplus (le créateur des cartes à puces) par le fonds TPF (Texas Pacific Group) en 2006, qui est un cas d'école* (05) . TPF est une filiale du fond "In-Q-Tel", un fond directement créé par la CIA. Les autorités françaises le découvrent trop tard: l'acquisition a lieu après une première prise de participation, dans le cadre d'un affaiblissement organisé de la société et de son cours de bourse. La société, promise à être le leader des technologies de transactions électroniques et des télécommunications, verra finalement ses brevets devenir propriété américains* (11). Nous reviendrons sur cette référence, car de nombreuses similarités avec le dossier Atos apparaissent.

PRECEDENTS CONNUS DE PARTICIPATIONS

Du côté des prises de participations stratégiques, on peut citer par exemple l'arrivée controversée du fond Carlyle au capital d'Arianespace. Carlyle s'impose en rachetant un des actionnaires du groupe en 2003.
Mais les exemples sont trop nombreux pour proposer une liste emblématique. Le fond évoqué de la CIA In-Q-tell, détient par exemple à lui seul des participations dans au moins 310 entreprises françaises, comme les futures pépites de la défense Prophesee ou Photonis... Au moins une centaine de leurs participations ne sont pas déclarées. Par ailleurs, de nombreux autres fonds, plus discrets mais également suspects, multiplient les prises de participations à visées stratégiques. On en retrouve dans le cas d'Atos.

DANS LE CAS D'ATOS

Suite à ces précédents, l'état français s'est constitué une capacité de contrôle des acquisitions d'acteurs étrangers. Pourtant, cela n'a pas empêché plusieurs tentatives américaines directes sur Atos, par différents fonds particuliers, qualifiés par certains de « bras armé » de la CIA.

Ainsi le 9 août 2021, après la baisse de plus de 40% du cours, l'agence Bloomberg rapporte qu'un consortium réunissant les fonds KKR, Advent, Civent et Bain, a approché Atos pour une offre informelle commune.* (08) Explorons ces fonds :

-Le fond KKR est un fond américain réputé proche de la CIA, d'où des personnels vont et viennent régulièrement. En 2011, ce n'est pas moins que l'ex patron de la CIA, le général Petraeus, qui rejoint la direction !* (09)

-Advent est un fond américain connu pour sa présence dans diverses entreprises sensibles dans de nombreux pays (en France par exemple, il est apparu dans l'affaire Safran I&S). En Angleterre récemment, son acquisition de l'équipementier Ultra Electronics a provoqué un scandale dans le pays suite à la perte de compétences stratégiques et prometteuses*. (10)

-Cinven est le seul fond non-américain : il est britannique. Mais il est connu pour sa proximité avec Carlyle. Ce fond américain déjà cité, est proche lui aussi de la CIA (Carlyle a par exemple été dirigé, entre 1989 et 2003, par Franck Carlucci, ancien directeur adjoint de la CIA). Exemple de cette proximité entre les deux fonds, Cinven a pris une participation dans Eutelsat, entreprise stratégique, après que Carlyle (allié pour cette opération à... KKR !) a été débouté par l'état français. Certains y ont vu un recours alternatif plus discret, en lieu et place du trop célèbre Carlyle.

-Bain Capital ne figure pas dans les cas documentés d'acquisitions réalisées dans des conditions suspectes, mais apparaît dans chaque étape du dossier Atos dès son effondrement boursier. On retrouve ainsi Bain & Company comme cabinet conseil dans le cadre de la vente de la filiale italienne en novembre 2022. On retrouve encore Bain Capital comme partenaire de Thalès dans une nouvelle offre à Atos en début 2022.

Au final, Atos ne donne pas suite à cette première offre issue de ce consortium de fonds, pour lequel l'état français aurait sans doute par ailleurs opposé son veto. Mais cette approche et l'identité des fonds peuvent signaler des visées stratégiques américaines sous-jacentes.

D'autre part, six mois après cette approche, une offre est formulée par l'attelage Thales-Bain, début 2022, auprès d'Atos. Thales est conseillée dans cette opération par le cabinet -américain ! - Centerview Partners. Si officiellement, Thalès assure vouloir récupérer les activités cyber-sécurité, (qu'elle valorise alors environ 3 milliards d'euros), de larges pans des activités d'Atos) auraient ainsi pu échapper à son contrôle et être transférés à Bain Capital.

Pour cette seconde offre, l'état se déclare initialement favorable. Mais il respectera finalement la fin de non-recevoir défendue par Atos.

Ces approches sont intervenues après une baisse massive du cours d'Atos, suite à une spéculation sur des informations elles-mêmes suspectes (qui seront explorées dans le chapitre 3).

Ce qui nous conduit à explorer les méthodes de déstabilisations financières qui composent l'arsenal américain, objet du chapitre 2.

2/ LA DESTABILISATION FINANCIERE

Les chapitres suivants seront publiés successivement sur le forum Boursorama, mais la version enrichie et les liens vers les sources citées sont déjà accessibles sur la partie "analyses membre" :

https://atos.blog/2023/01/04/analyse-membresn4-atos-a-t-elle-subit-des- attaques-de-fonds-matabeta/
 

jewomz

New member
Merci pie ton travail de recherche et d’analyse. Tes recoupements sont très intéressants et même assez troublants en effet
 

keru2

Active member
En France si tu veux faire couler une entreprise tu donnes les clefs du camion à un ex grande école et ça passe crème.
Ils sont tellement imbus d'eux mêmes que la technique et l’innovation ce n'est pas pour eux et que l'approche humaine ce n'est pas pour eux non plus.
 

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