Rien compris à cet article. Je vous conseille plutôt l'article object du Monde auquel il est fait référence dans cet article du Guardian qui est à charge et à décharge que je mets en lecture ci-dessous.
Ce qui est sûr c'est que K possède Marianne et que Marianne avait fait un portrait de Kretinsky avec deux un chapitre pas très flateur et qu'il a laissé publié l'article. Donc c'est tout sauf un Bolloré stalinien.
https://www.lemonde.fr/idees/articl...ambigue-de-daniel-kretinsky_6032560_3232.html
« Mister K » : la stratégie ambiguë de Daniel Kretinsky
Dans « Mister K. Petites et grandes affaires de Daniel Kretinsky », Jérôme Lefilliâtre, journaliste au quotidien « Libération », livre un portrait de l’homme d’affaires qui a fait fortune dans l’énergie, le charbon et les médias.
Par
Jean-Baptiste Chastand (Vienne, correspondant régional)
Publié le 11 mars 2020 à 06h00
Temps de Lecture 4 min.
« Mister K. Petites et grandes affaires de Daniel Kretinsky », de Jérôme Lefilliâtre (Seuil, 288 p., 17,90 €).
Livre. Qui est Daniel Kretinsky ? Nombreux sont ceux à se poser la question depuis l’entrée en force du milliardaire tchèque sur le marché français de l’énergie, de la distribution et, surtout, celui des médias, symbolisée par sa prise de participation surprise dans le capital du
Monde en 2018. Journaliste spécialiste des médias à
Libération, Jérôme Lefilliâtre signe le premier livre jamais publié sur cet homme d’affaires de 44 ans, encore inconnu dans la plupart des capitales européennes il y a quelques années.
Mister K est une enquête fouillée de 288 pages, enrichie de deux longs entretiens accordés par le milliardaire. Elle dresse le portrait d’
« un homme d’affaires intelligent, ambitieux et déterminé, mais aussi gourmand, opportuniste et intraitable ». Séducteur, amateur d’art, francophone, M. Kretinsky a de nombreuses qualités. Mais Jérôme Lefilliâtre explore aussi toutes les zones d’ombre de la richesse de cet
« oligarque tchèque de la nouvelle génération », désigné ainsi parce qu’il ne s’est pas enrichi, comme ses prédécesseurs, lors des privatisations sauvages des années 1990, mais au cours des années 2000.
Si l’auteur écarte la « piste russe », qui a longtemps fait jaser à Paris sans véritable fondement, il raconte notamment comment M. Kretinsky, d’abord juriste brillant dans la banque J & T, a gagné la confiance de ses patrons pour s’accaparer, avec leur soutien et celui
« de personnalités politiques ou d’hommes d’affaires aux parcours jonchés de scandales », différents actifs énergétiques, notamment le gazoduc slovaque Eustream. Transportant du gaz russe vers l’Europe de l’Ouest, celui-ci constitue, encore aujourd’hui, l’actif le plus lucratif de sa holding, nommée EPH. Occupant un immeuble du centre de Prague, EPH n’emploie qu’une
« centaine de personnes » pour diriger un groupe industriel de près de 25 000 employés, dont le siège social est au Luxembourg, signe d’une préférence marquée pour les paradis fiscaux dépeinte dans l’ouvrage.
« L’empereur du charbon »
S’appuyant sur ces premiers actifs, M. Kretinsky va ensuite multiplier avec succès les investissements dans le secteur énergétique, et devenir ainsi
« l’empereur du charbon », qualificatif que l’homme d’affaires réfute. Jérôme Lefilliâtre décrit comment, cependant, cette énergie est devenue le moteur de son activité, à tel point qu’on peut estimer que
« EPH est le deuxième producteur d’émissions de CO2 » en Europe. Interrogé à ce sujet, M. Kretinsky ne cache pas son climatoscepticisme, refusant de reconnaître la responsabilité de l’homme dans le changement climatique.
« Je suis assez fier de ce que l’on fait. Nous opérons des actifs que quelqu’un doit opérer », défend-il, au contraire.
En décrivant bien la proximité financière, amicale et idéologique avec l’ancien premier ministre tchèque conservateur Mirek Topolanek, le journaliste rappelle aussi que le Praguois reste proche de ce camp politique. Dans l’ouvrage, M. Kretinsky salue le
« grand talent politique » d’Emmanuel Macron, tout en se déclarant
« un peu plus de droite que lui ». Il en profite pour critiquer la ligne pro- « gilets jaunes » adoptée par Natacha Polony, qu’il a placée comme directrice de la rédaction de
Marianne après le rachat du titre en 2018.
« Je préférerais que Marianne
soit un peu plus objectif avec Emmanuel Macron. »
Même reproche au
Monde. « En privé, le Tchèque se dit déçu par le manque d’objectivité et la partialité dont Le Monde
aurait, selon lui, fait preuve à son égard. Il se demande à haute voix s’il a bien fait d’investir dans ce groupe, si sa réputation d’intégrité est bien méritée et va jusqu’à critiquer sa ligne éditoriale, qu’il trouve trop anti-Macron. Il se plaît même à complimenter Le Figaro,
dont il dit préférer la lecture », écrit ainsi Jérôme Lefilliâtre, qui revient longuement sur le bras de fer qui a opposé le Tchèque au patron de Free et actionnaire du
Monde Xavier Niel, autour de la vente de 49 % des parts de Matthieu Pigasse, dans le dos des journalistes d’une rédaction farouchement attachée à son indépendance.
L’auteur pointe aussi l’ambiguïté des investissements de l’industriel tchèque dans les médias. Se présentant comme un
« parangon de démocrate, militant d’une souveraineté du peuple éclairé par le journalisme » avec une volonté de constituer un grand groupe paneuropéen, M. Kretinsky a acheté des médias à la qualité inégale et aux lignes éditoriales parfois contradictoires.
Il laisse planer le doute
Jérôme Lefilliâtre revient notamment sur la dérive de son site
Info.cz épinglé en 2019 pour avoir
« pris une ligne éditoriale sensationnaliste et tapageuse pour faire plus d’argent ». Ce site avait également servi à alimenter une campagne pro-Pékin payée secrètement par une entreprise de l’homme d’affaires le plus riche de la République tchèque et père de la compagne de M. Kretinsky. Face à ce que Jérôme Lefilliâtre qualifie de
« mélange des genres absolument contraire à l’éthique de base des métiers de la presse », M. Kretinsky réplique s’être senti
« trahi » par la direction du site, qu’il a mis en vente.
Une chose est sûre, ces investissements ont définitivement servi au milliardaire à se faire connaître en France et en Europe. Désormais propriétaire dans l’Hexagone de deux centrales au charbon et de parts dans le Groupe Casino, le Tchèque se prépare à de nouvelles acquisitions. Bien vu à l’Elysée, il aurait ainsi envisagé d’acheter 10 % de TF1, mais se serait ravisé
« après que Martin Bouygues lui a fait savoir que cet investissement pouvait prêter à confusion en France tant qu’il était actionnaire du Monde
».
Auprès de Jérôme Lefilliâtre, M. Kretinsky laisse planer le doute sur l’avenir de son investissement dans le quotidien.
« S’il trouve un accord financier avec Xavier Niel sans perdre d’argent, il pourrait envisager de sortir du capital », écrit le journaliste. Mais
« si l’on emploie la force contre moi, cela ne marche pas, jamais. Je préfère me battre et perdre », lui affirme aussi le Praguois.